Grejohn Kyei : “Finir avec beaucoup de buts”

L’aventure entre Grejohn Kyei et le Stade de Reims a débuté sur les bords des terrains parisiens, il y a 8 ans… Depuis, le buteur stadiste a connu une ascension fulgurante. (© AFP)

 

http://izadia.anglet.fr/?siniytraktor=pierre-de-rencontre-wow&9e1=59 Arrivé à l’âge de 15 ans au Stade de Reims, Grejohn Kyei a franchi toutes les étapes du chemin périlleux de la formation. Entre un parcours mémorable en Gambardella et des débuts remarqués en professionnel, le franco-ghanéen n’a pas perdu de temps pour démontrer toute l’étendue de son talent et devenir un véritable espoir du football rémois.
http://askarchitecture.fr/?author=441 Aujourd’hui, malgré une saison en demi-teinte, le jeune attaquant garde le sourire et se focalise désormais sur les matchs qu’il reste à disputer, en espérant glaner un maximum de temps de jeu !

 

spotkania singli słupsk I. Sa formation

Grejohn, tu vis actuellement ta 8ème saison sous le maillot rouge et blanc. Mais au fait, comment l’aventure a-t-elle commencé avec le Stade de Reims ?

L’aventure a démarré en faisant des tests à Meaux, dans le 77 (en Seine-et-Marne, ndlr). Je suis parti faire les essais là-bas, ça a été plutôt concluant. Il y avait 3 coachs, dont coach Chalençon, coach Laquait et le directeur du centre Jean-François Pien. Ils étaient là les trois, et ils ont adhéré à mon profil. Après, je suis revenu faire des essais à Reims 2/3 fois en pleine semaine, pendant mes cours, 2 jours. Et ils m’ont fait venir au Stade à l’âge de 15 ans, c’était la saison 2010-2011.

En dehors du Stade de Reims, avais-tu eu d’autres contacts avec des clubs professionnels ?

J’ai fait pleins d’essais avant, quand j’étais plus jeune, mais rien n’a été concluant. Il n’y a qu’ici où ça a été concluant.

Tu arrives donc en 2010, à l’âge de 15 ans, au club. A cette époque-là, quelles sont tes ambitions ?

Depuis bien avant 15 ans, j’ai toujours rêvé d’être professionnel, j’ai toujours voulu faire ça. Donc après être arrivé dans un club pro, j’ai mis les moyens pour en arriver là et aujourd’hui, Dieu merci je suis professionnel et je peux exercer mon métier.

Pourtant c’était loin d’être gagné, puisque j’ai entendu dire que tu as failli te faire virer dès ta première saison… C’est vrai cette histoire ? (rires)

C’est vrai, la première saison a été compliquée ! (rires)
Je sortais d’un club amateur où l’on avait que 2 entrainements par semaine. J’arrive à Reims, il y a en a 7 ! Le rythme était différent : il y avait beaucoup plus d’intensité, c’était beaucoup plus physique. Je n’étais pas préparé à ça et je n’étais pas prêt physiquement donc il y a eu quelques petits pépins physiques. Après, le club m’a dit “Soit tu fais une bonne première partie de saison pendant 6 mois, soit on ne te garde pas et c’est fini”.

Malgré des débuts compliqués au centre de formation, Kyei n’a jamais baissé les bras. (© La Montagne)

Aujourd’hui, tu as franchi une à une les étapes lors de ta formation pour atteindre l’effectif professionnel. Quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes joueurs qui rêveraient d’un parcours similaire ? Parce qu’au final, tous les jeunes qui arrivent au centre de formation veulent finir professionnel !

On est beaucoup à être sur la liste et il y a très peu d’élus donc il faut seulement travailler, toujours travailler et écouter les consignes des coachs. Il n’y a qu’eux qui peuvent nous faire monter pour grimper les échelons et aller gratter l’équipe professionnelle, donc il faut leur taper dans l’oeil !
Après, je pense qu’avec le coach de cette année ce sera plus simple parce qu’il a été dans la formation, donc il connaît un peu plus les jeunes, il les intégrera plus.

Ces conseils, ton petit frère pourrait peut-être les appliquer parce qu’il progresse lui-aussi petit à petit !

Il progresse, il a déjà été avec nous pendant 2/3 semaines. Il a fait un match amical à Metz, un match en coupe, des bancs. Il faut qu’il continue, le chemin est long. Signer c’est bien, mais après il faut jouer, reprolonger, il faut gratter, il faut grandir.

Et au final, que retiens-tu de toutes tes années passées en formation ?

Je retiens que c’était une famille, c’était une bonne famille. On était une bande de copains, c’était rigolo, on s’amusait à l’entrainement, on se taquinait. Et après quand tu passes avec les professionnels, c’est différent, c’est pas pareil. Sauf cette année où tout le monde est soudé. Personne n’est de son côté, il n’y a pas de clans, tout le monde est ensemble, tout le monde rigole ensemble, tout le monde se taquine et personne ne le prend mal. Et ça fait penser un peu au centre de formation !

Tu ne m’as pas du tout parlé du côté sportif, pourtant il y a eu des expériences intéressantes pour toi j’imagine, avec notamment cette aventure en Gambardella ?

Oui, j’avais fait tous les matchs. Comme je te l’ai dit, c’était une équipe de copains. On était bien classés en championnat et on était bien partis en Gambardella. On voulait jouer les deux et finalement Evian nous a coupé la route en championnat. On s’est dit qu’on allait tout donner sur la Gambardella et ça nous a réussi jusqu’à la finale où on la perd malheureusement.

Il y a peut-être eu un peu de peur non ? Le Stade de France, ça doit être impressionnant quand même…

Je ne pense pas qu’on ait eu peur, mais on ne l’a pas joué. On n’était pas préparés, on n’a pas l’habitude de jouer des gros matchs comme ça. Auxerre était déjà préparé, ils avaient déjà fait pleins de Gambardella. Ils ont fait des tournois à l’étranger, à l’extérieur, donc c’était plus simple pour eux. Nous, on n’était pas adaptés, on était comme des enfants… On prenait des photos, on était un peu des touristes ! (rires)

Le 14 avril 2014, l’attaquant rémois a paraphé son premier contrat professionnel. (© L’Équipe)

Et toutes ces aventures t’ont amené à signer, en avril 2014, ton premier contrat professionnel. À ce moment-là, comment tu réagis et quel est ton état d’esprit ?

J’avais le même état d’esprit. J’avais juste un contrat et il fallait juste que je montre mes qualités dans le monde professionnel, que je fasse ce que je sais faire de mieux : marquer des buts, jouer le un contre un, aller percuter, faire des passes, etc… Je voulais juste montrer mes qualités.
La première année, j’ai eu 6 mois de suspension donc ça a été compliqué. J’ai pris du… (il hésite), je ne vais pas dire du retard vu que j’ai pu travailler avec le préparateur pour gagner un peu sur d’autres points…

Tu ne m’en voudras pas, mais moi j’avais appelé ça du retard ! (rires)

Ah oui, il n’y a pas de soucis !

Tu vois, j’avais noté “Malgré tout, tes débuts avec le groupe pro sont retardés, puisque tu connais une mésaventure avec l’équipe réserve seulement un mois plus tard…”

C’est vrai que 6 mois de sanction c’est long, mais j’ai pu travailler avec le préparateur, travailler mes défauts surtout sur le plan physique. Ça m’a permis d’avoir un peu d’avance sur ça, mais j’ai eu du retard sur le jeu, l’expérience des matchs…

 

II. Ses débuts chez les pros

C’est donc lors de la saison 2014-2015 que tu pointes le bout de ton nez chez les pros. Avec un but en Coupe de France contre Rennes en janvier 2015, tu gagnes du temps de jeu en fin de saison pour finir en beauté en inscrivant un superbe but au Parc. A ce moment-là, beaucoup d’espoirs sont placés en toi. Être considéré comme le futur numéro 9 de l’attaque rémoise, est-ce que ça a parfois été dur à porter à seulement 19 ans ?

Non, pour moi ça n’a pas été difficile parce que je ne faisais pas vraiment attention. Je jouais le peu de minutes qu’on me donnait que ce soit en tant que titulaire ou remplaçant, je montrais mes qualités. Les supporters aimaient bien parce que j’étais un peu “foufou”, je ramenais un peu de “pep’s” !

Exactement, et tu réponds même aux attentes lors du début de la saison suivante, en réalisant des performances remarquées contre Bordeaux ou encore Lorient. A tel point que le sélectionneur de l’équipe de France espoir te convoque…

Apparemment j’avais fait un bon début de saison. Quand le sélectionneur m’a appelé, j’étais chez moi en train de manger, je regardais la télé. Il y a un coup de fil, je décroche et je demande qui c’est. Il me dit : “C’est le sélectionneur des espoirs, on a eu un blessé est-ce que tu peux prendre le train demain pour venir à Clairefontaine ?” Moi, tout content, je dis “Bien sûr” !

Auteur de performances remarquables en championnat, Grejohn Kyei n’a pas perdu de temps pour taper dans l’oeil du sélectionneur des Espoirs… (© F.F.F.)

Et tu ajoutes “Je prends même mon vélo” ? (rires)

Oui, je prends même mon vélo ! (rires)
Donc je suis allé en sélection, je rentre contre l’Irlande un quart d’heure et je marque. Il m’a resélectionné deux autres fois, mais je n’ai pas joué les autres rencontres…

J’imagine que quand on y a goûté, on doit forcément ressentir l’envie d’y retourner non ?

Bien sûr, on a l’envie d’y retourner et surtout d’y jouer. J’avais beaucoup d’envie, je venais de commencer, je découvrais la sélection aussi donc je voulais montrer d’autres qualités que celles montrées en club. Maintenant je ne peux plus être sélectionnable… à part en A. Mais pour aller en A, il y a du chemin !

Tu sais quand même qu’il y a la Coupe du Monde là ? La liste sort bientôt, il faut y aller !

(Il rit.)

Tu es donc monté très haut assez rapidement, mais une blessure à la cheville droite (une rupture des ligaments, ndlr) t’éloigne ensuite des terrains pendant 5 mois. Tu ne reviens qu’en toute fin de saison, et ton but marqué lors du dernier match de la saison contre Lyon sur pénalty ne sera qu’anecdotique car le club n’échappe pas à la relégation. Durant l’intersaison, des rumeurs de départ, qui t’envoient notamment du côté de Rennes, prennent de plus en plus d’ampleur… Comment s’est déroulée cette intersaison pour toi ?

J’étais en vacances, et quand j’ai su qu’il y avait Rennes, j’ai voulu répondre à la sollicitation. J’aimais bien le club de Rennes, c’était un peu comme Reims mais en Ligue 1.

Oui, il y a un bon centre de formation aussi à Rennes !

C’est ça, un bon centre de formation. C’est un coach qui jouait au ballon (Christian Gourcuff, ndlr) et je pensais coller à son style de jeu. J’ai demandé au président de pouvoir répondre positivement à cette sollicitation, mais il n’était pas d’accord. Après, il y a eu des petites tensions avec le coach parce qu’il n’était pas très content que je demande à partir au président… Ça a fait du bruit, les supporters l’ont entendu et étaient déçus aussi. Je les comprends même si ce n’était pas un choix contre le club, juste une proposition difficile à refuser. Maintenant, avec les supporters, ça colle un peu moins. Quand je joue, je le ressens. Ça me sifflait parce que je ne marquais pas ou parce que je n’étais pas bon… Et si j’étais bon et que je ne marquais pas, on me sifflait quand même ! Mais c’est le foot qui est comme ça, on fait avec. Je pense qu’il y en a qui me soutiennent, je le sais quand je sors après les matchs.

C’est clair que ce n’est pas toujours simple du côté des supporters… Et sinon, il n’y avait pas Manchester United ? C’est ton club de coeur pourtant non ? (rires)

Non, il n’y avait pas Manchester United ! Ils n’y étaient pas !

Ils hésitaient entre toi et Zlatan, ça s’est pas joué à grand chose tu sais… (rires)

S’ils y étaient, je pense que j’y serais… (rires)

Plus sérieusement, je me permets de te poser la question car il y a eu beaucoup de bruits de couloirs concernant ton agent, des déclarations de Michel Der Zakarian qui estimait que tu “trainais la patte et que tu avais la tête à l’envers”, donc ça a fait beaucoup de bruit comme tu l’as dit…

Je ne traînais pas la patte en fait, j’avais encore le problème à la cheville. J’étais gêné, mais je faisais quand même les entrainements. Et il y avait le possible départ donc je n’étais pas sélectionné dans les groupes.

Au final, la porte a été fermée et tu restes au club pour cette saison 2016-2017. Comment juges-tu ta saison dernière ?

Première partie de saison… compliquée. J’étais déçu de ne pas partir. Mais pas déçu de rester parce que j’allais jouer quand même ici, dans un bon club. Donc j’ai pris du temps. Après, le style de jeu du coach était plus différent. C’était plus dans le combat et je ne suis pas trop dans ce style de jeu, j’ai du mal. Ce n’est pas dans ma nature donc j’avais du mal, il fallait que j’apprenne, que je comprenne un peu plus les choses. On ne choisit pas ses coachs, on ne choisit pas ses collègues donc il faut faire avec, il faut travailler avec. Ça m’a été bénéfique parce que dans le travail défensif, je me suis amélioré. Donc c’est un mal pour un bien comme on dit !
Pour la deuxième partie de saison, ça allait. J’ai mis quelques buts, mais on finit mal la saison parce que je rate… (il se reprend). Enfin, on perd 2 points contre Strasbourg et on perd un match contre Laval.

Face à Strasbourg l’année passée, Reims avait laissé filer deux précieux points dans la course à la montée. (© L’Union)

On ne va pas remuer le passé, mais quand tu rates ce pénalty, j’imagine qu’à ce moment-là il y a un peu de déception…

Personne n’avait été désigné et personne n’avait pris la balle. Moi j’ai pris la balle parce que je suis un attaquant, j’ai pris mes responsabilités. Personne ne m’a demandé la balle, donc j’ai pris le ballon et j’ai tiré. Malheureusement ça touche la barre… Sur le moment, je suis déçu. Après, au fil des matchs, je me dis que ce n’est pas à cause de moi, si on voulait monter on aurait dû gagner les autres matchs. Contre Laval on mène 2-0 pour finalement perdre 5-2 et ce n’était pas de ma faute…

 

III. Le présent

“C’est un garçon athlétique, qui a tout pour être un attaquant moderne. Il est capable de jouer seul, ou avec un autre attaquant. Il peut prendre la profondeur mais également conserver le ballon. Maintenant il doit s’améliorer dos au but, dans ses techniques de finition et dans son jeu de tête.” Qui a prononcé cette phrase ?

C’est le coach Guion !

Bien vu ! Alors “coach Guion”, qu’est-ce qu’il t’a apporté au cours de ta formation ?

Je l’ai connu avec la réserve, au centre de formation, il y a 5/6 ans quand on était en sénior DH. J’étais avec les U19 et il m’a pris assez tôt avec la réserve, j’avais 17 ans. Je m’entraînais avec eux et j’ai fait quelques bouts de matchs en fin de saison avec eux. Après, en CFA2, je l’ai côtoyé énormément. Il m’a appris à être plus costaud pour bien protéger le ballon en étant dos au jeu, à être plus agressif, plus mature, plus déterminant et à être serein dans les 30 derniers mètres.

Pour être capable de faire des passes clés mais aussi de conclure j’imagine ?

C’est ça.

Tu étais content de le retrouver donc ?

J’étais content, je connais sa philosophie de jeu, il sait comment je joue, comment je suis. Donc ça pouvait plus coller qu’avec un autre coach. Même si cette année est plutôt compliqué… Au début je jouais, je n’ai pas marqué. L’équipe, elle, tournait bien donc j’ai dû rester sur le banc. Ça tournait bien collectivement, on ne va pas s’en plaindre !

Personnellement, t’étais-tu fixé ou t’avait-on fixé des objectifs en début de saison ?

J’en avais fixés. Je voulais marquer plus de buts que l’année dernière, plus que 7 buts. Ce n’est pas le cas cette année…

Mais la saison n’est pas finie !

Oui, c’est pas fini… Il reste 10 matchs donc on verra ce qu’on pourra faire.

Il y a quelques temps, tu avouais “ne pas avoir retrouvé ton niveau”. Que faudrait-il pour que tu y parviennes ?

Retrouver ma confiance, me libérer.

Ton premier but de la saison contre Nancy n’a pas vraiment servi de déclic, si ?

Je pense que ça n’a pas suffit, il faut plein d’autres paramètres. Marquer c’est bien mais ça ne libère pas totalement. Il faut être bien dans le jeu, quand tu joues il faut être plus libéré, être bien à l’extérieur, etc… Tout rentre en paramètre. Je pensais que c’était le déclic, que ça allait me libérer mais je pense qu’il faut plus que ça. Je marque mon premier but, après je marque contre Auxerre mais ça ne m’a pas totalement libéré. Il me manque encore d’autres choses, je pense, dans le jeu.

Malgré une saison compliquée, Kyei s’accroche et espère bien atteindre l’objectif qu’il s’est fixé. (© L’Union)

Maintenant, que peut-on te souhaiter en cette fin de saison ? Comme tu l’as dit, il reste une dizaine de matchs, que pouvons-nous souhaiter à Grejohn Kyei ? Plein de buts, plein de passes, plein de temps de jeu ? Qu’est-ce que tu veux ? 

Plein de temps de jeu déjà, après les buts j’espère que ça viendra avec. Surtout plein de temps de jeu, c’est ce que je cherche sur les dix derniers matchs.

Pour finir, si tu as un mot pour les supporters et les lecteurs du blog, c’est maintenant !

Aux supporters, j’espère finir avec beaucoup de buts, plus que la saison dernière. Et j’espère qu’on montera en Ligue 1 en étant champion !


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